1- Généralités et Indications :
Le traitement thermal est un véritable complément aux traitements traditionnels des maladies de la bouche, et plus particulièrement les maladies parodontales.
Le thermalisme est reconnu par l’Organisation Mondiale de la Santé comme une thérapeutique à part entière.
Il joue un rôle incontestable dans la panoplie thérapeutique moderne.
Les 500 000 curistes fréquentant chaque année les stations thermales françaises peuvent attester de l’efficacité des soins prodigués.
Aujourd’hui la recherche et l’évaluation thermales, respectant la méthodologie scientifique, ont remplacé l’empirisme de jadis.
De lourds investissements financiers sont réalisés dans les établissements thermaux afin d’améliorer la sécurité et l’efficacité des soins, et de nombreuses études médicales, réalisées en partenariat avec les facultés de médecine et d’odontologie, s’appliquent à démontrer l’efficacité des cures, et notamment à partir de la cinquantaine dans la plupart des maladies parodontales, en complément des soins traditionnels en cabinet dentaire.
Les eaux minérales, c’est à dire les eaux naturelles douées de propriétés thérapeutiques, sont utilisées en thermalisme de la bouche, encore appelé crénothérapie bucco-dentaire, depuis l’antiquité, et d’une manière plus médicale depuis 1841, date de la première communication médicale sur le sujet.
Depuis 1983, les chirurgiens-dentistes ont la possibilité de prescrire des cures à leurs patients, après mise en œuvre des thérapeutiques conventionnelles habituelles.
Ces cures traitent toutes les pathologies du parodonte et des muqueuses buccales, mais sont également efficaces dans les cicatrisations chirurgicales et notamment post-implantaires.
Dans les stations thermales, la surveillance des cures est assurée soit par un médecin, soit par un chirurgien-dentiste.
Les soins ne peuvent être mis en œuvre qu’après préparation de la bouche et éventuellement chirurgie, ainsi qu’un détartrage.
2- Contre-indications générales des cures thermales :
- les affections aiguës : les cures thermales sont réservées aux malades chroniques et aux convalescents des maladies aiguës.
La seule maladie aiguë qui fasse exception est l’eczéma.
En règle générale, on exige un intervalle libre de deux à trois mois entre les dernières manifestations aiguës et le début de la cure. Cet intervalle peut être réduit à un mois dans l’hépatite virale et la phlébite, quand celle-ci est traitée par anti-coagulants.
Le début d’une cure thermale doit parfois être retardé du fait d’une maladie intercurrente au cours d’une affection chronique.
- les cancers et la tuberculose : ils doivent être écartés des stations, dans la plupart de leurs localisations.
Méconnaître cette règle serait exposer les malades à un coup de fouet évolutif.
C’est dire combien la prescription d’une cure doit être précédée d’un examen minutieux.
La tuberculose guérie n’est pas une contre-indication.
- l’hypertension artérielle sévère et l’insuffisance cardiaque décompensée : les malades souffrant de ces problèmes ont tout à redouter de la surcharge hydrique ou hydrosaline, du voyage, et de l’altitude.
Les accidents cérébraux récents, l’azotémie dépassant le gramme, et la cirrhose avec ascite ou ictère constituent évidemment des contre-indications des cures.
Les cachexiques ou les grands séniles n’ont rien à attendre non plus de la médecine thermale.
- les malades mentaux : sont dirigés vers les stations thermales spécialisées ou les établissements adéquats, mais ne sont pas mêlés aux autres malades.
Les hystériques, les grands déprimés et les persécutés, ne retirent aucun
bénéfice de la cure thermale classique.
3- Mise en œuvre de la balnéothérapie buccale :
La première démarche, très importante, consiste en un bilan médical très détaillé, de sorte que le médecin thermal et le chirurgien-dentiste thermal travaillent en bonne harmonie.
A l’établissement thermal, on utilise des appareillages intra-buccaux spéciaux qui dirigent contre la muqueuse buccale et les gencives une centaine au moins de litres d’eau provenant du ‘’griffon’’ d’une source naturelle, chaude, parfois très légèrement radio-active et riches en oligo-éléments.
Le nombre de séances varie de 9 à 12, voire 20, selon le type de la lésion et sa gravité, à raison d’une séance par jour ou tous les deux jours.
On peut aussi utiliser une douche filiforme au pistolet.
La durée de chaque séance est de 10 à 20 minutes. La température de l’eau est réglée en fonction de la nature et de l’importance des lésions, elle est en moyenne de 35° à 45° C.
La pression de la douche est de 0,6 Kg à 1,5 Kg.
On recherche ainsi une triple action :
- physico-mécanique, par nettoyage des lésions parodontales et des espaces inter-dentaires. Il y a massage et vasodilatation de la gencive et de la muqueuse, réactivation des tissus et élimination des toxines.
- Chimique, par les propriétés naturelles de l’eau qui apportent cations, anions, constituants gazeux, très nombreux oligo-éléments, et parfois éléments radio-actifs bienfaiteurs.
On cherche ainsi à rééquilibrer le terrain.
- psychologique, par amélioration rapide et visible de la santé parodontale.
Parallèlement au traitement local décrit, est mis en œuvre avec l’accord du médecin thermal, un traitement général, c’est à dire une prise des eaux par voie buccale, la source étant choisie fonction de sa composition chimique dominante et fonction des éventuelles affections générales. On compte 100 à 500 ml d’eau par jour en 3 ou 4 prises, pendant toute la durée de la cure.
Le traitement local par balnéothérapie est bien entendu précédé d’un détartrage soigné et de brossages répétés et minutieux.
Des radios intra-buccales et panoramique sont utiles pour évaluer l’ampleur des lésions parodontales et des photos avant, pendant et après traitement pour évaluer celle des lésions muqueuses et leur évolution vers la guérison.
Des conseils prophylactiques et diététiques sont associés à la cure.
Trois cures consécutives pendant trois ans sont conseillées afin de parvenir à rééquilibrer le terrain, de sorte que le développement anarchique des germes pathogènes responsables de la plupart des maladies parodontales soit enrayé dans la durée.
De sorte aussi que les facteurs déclenchant les autres lésions muqueuses soient éteints
Puis une cure d’entretien tous les trois ans est utile dans quelques cas.
4- Résultats de la thérapeutique :
Selon les observations réalisées dans les stations thermales agrées, on relève 88% de résultats thérapeutiques positifs à très positifs.
Dès les premiers jours du traitement, il se produit une forte amélioration subjective, le malade ne souffre plus et se montre plus gai.
On constate une régression de l’inflammation locale avec une réduction de la tuméfaction gingivale. Cette gencive se recolle aux dents, son hypertrophie diminue, on note une disparition des saignements et un début de consolidation des dents.
Chez la plupart des malades, il y a transformation de l’humeur et du comportement.
Les personnes atteintes de parodontopathies sont souvent apathiques, plus ou moins dépressives, sans toujours que l’on puisse savoir si l’affection bucco-dentaire est la cause ou la conséquence de ce profil psychique particulier.
Cette amélioration est due bien entendu aux soins locaux et généraux, mais aussi au changement de climat pendant deux ou trois semaines, qui ‘’recharge’’ l’organisme.
5- Les stations thermales agrées :
- Aix les Bains – Marlioz (Savoie)
- Bourbonne les bains (Haute Marne)
- Castéra-Verduzan (Gers)
- Enghien les bains (Val d’Oise)
- La Bourboule (Put de Dôme)
- La Roche Posay ( Vienne)
- Luchon ( Haute Garonne)
- Saint Gervais les bains ( Haute Savoie)
- Cap d’Agde (Hérault)
- Roscoff (Finistère)
Les cures thermales pour la bouche écrit par Dr.B.Bernard dentiste-info.com
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